L’étude de la gouvernance des commons d’Elinor Ostrom permet d’explorer les règles de gouvernance d’actions collectives qui, parce qu’elles sont justement d’action collective, n’autorisent pas la référence au concept d’optimum ; en revanche l’établissement de ces règles de gouvernance pourra emprunter des pistes de réflexion explorées par Herbert Simon restaurant les concepts de rationalité procédurale et de décision satisficing. Si tous les acteurs maximisaient leur « utilité subjective espérée » (selon l’expression de Simon), lorsqu’ils exploitent une ressource naturelle telle que l’eau, les pâturages ou les forêts, il se produirait en effet le phénomène du passager clandestin qui conduit à la tragédie d’Hardin. Mais cette hypothèse ne correspond pas à une vision pragmatique des comportements humains. Outre le fait que les humains ne sont ni totalement égoïstes, ni totalement altruistes, ceux-ci sont fortement contraints par les limites de leur capacité cognitive, computationnelle et communicationnelle, montrent les travaux de H. Simon.
E.Ostrom reconnait d’ailleurs que ces travaux l’ont « fortement influencé ». On trouve ainsi des enseignements potentiellement fructueux dans ce croisement des oeuvres d’E. Ostrom et d’H.A. Simon sur la gouvernance de l’action collective. C’est à l’approfondissement de la correspondance de leurs travaux que l’on s’attachera, en proposant d’éclairer ainsi les processus de la gouvernance évolutive des multiples formes d’action collective.
Mots-clés : Action collective ; rationalité limitée ; gouvernance ; ressources communes ; complexité.
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